Par le Bureau d’Etudes Zalis Paris
L’année 2023 a connu de nombreux phénomènes économiques, sociaux et technologiques. En ce début 2024, divers indicateurs permettent de comprendre les faits passés tout en anticipant les défis socio-économiques à venir.
ECONOMIE
Entreprises en difficulté : défaillances records en 2024
Source : Banque de France, 2023
Lecture : En Juin 2019, le nombre de défaillances d’entreprises était de 53659 entreprises.
Entre juin 2022 et juin 2023, Le nombre de défaillances (toutes procédures) en France est passé de 33570 à 48673 entreprises.
Les secteurs les plus touchés sont les suivants :
- Le secteur du commerce, y compris la réparation automobile, avec 10939 défaillances.
- Le secteur de la construction, avec 10109 défaillances.
- Le secteur de l’hébergement et la restauration, avec 6966 défaillances.
- Le secteur du conseil et services aux entreprises, avec 5717 défaillances.
Il convient de relever que :
- 69 % des procédures collectives concernent des liquidations judiciaires directes,
- 59 % des procédures collectives concernent des entreprises sans salariés et 32 % des entreprises employant entre 1 et 10 salariés.
L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) prévoit que la hausse des taux d’intérêt aura un impact négatif sur la croissance économique, qui devrait baisser de 0,9% pour l’année 2024, ce qui pourrait contribuer à une augmentation des défaillances d’entreprises atteignant 60 000 défaillances d’entreprises.
Dynamique des crédits : des défis en termes de liquidité et de coût du crédit
Source : Banque de France, 2023
Lecture : En juillet 2023, les encours de crédits mobilisés par des PME en France atteignaient 570 milliards d’euros.
En 2023, les économistes ont constaté une augmentation significative des encours de crédit en France. Aujourd’hui, l’accès au crédit devient plus difficile. L’encours total des crédits à l’économie a augmenté significativement du fait des PGE (Prêts Garantis par l’État), de l’augmentation de l’endettement de l’Etat et du secteur public et des politiques de resserrement monétaire. La dette liée à la COVID-19 ne diminue pas, en partie à cause de l’effet des PGE (Prêts Garantis par l’État) qui ont contribué à accroître le niveau global de la dette associée à la crise sanitaire.
Le ministère de l’Économie, la Banque de France, l’IEDOM, l’IEOM, et la Fédération bancaire française ont prolongé l’accord sur les restructurations des Prêts Garantis par l’État (PGE) jusqu’à janvier 2025. Cela permet aux entreprises de continuer à bénéficier du soutien de ces crédits aux entreprises pendant trois ans supplémentaires au lieu de l’arrêt initialement prévu le 31 décembre 2023.
Défis du marché immobilier : entre tensions et adaptations aux fluctuations économiques
Source : L’Observatoire Crédit logement / CSA
Lecture : Au 1er Janvier 2023, les taux des crédits immobiliers étaient de 2,4%.
Le secteur immobilier traverse actuellement des périodes de tension et d’ajustement, en réaction à divers facteurs économiques :
Concernant l’immobilier résidentiel, en 2023, le taux du crédit immobilier en France était en hausse, passant de 1,8% en septembre 2022 à 4,1% en septembre 2023. Au 3ᵉ trimestre 2023, bien que le revenu disponible brut des ménages augmente de 0,9%, le pouvoir d’achat connaît une baisse de 0,1% par rapport au trimestre précédent. (Source : Statistiques nationales sur le pouvoir d’achat).
Selon l’Observatoire Crédit Logement-CSA, le taux moyen pour les emprunts sur 20 ans devrait se stabiliser autour de 4%. Certains analystes prévoient cependant une possible hausse des taux jusqu’à 5% début 2024.
Source : Institut IFO, Econpol Europe
Lecture : Entre Avril et Mai 2023, le nombre moyen de jours payés en télétravail par semaine est de 0,6 jour en France, 1,4 aux Etats-Unis et 0,5 au Japon.
Depuis 2020, le télétravail impacte le marché immobilier commercial de bureaux en raison d’une diminution de la demande de surface de bureaux. Le nombre moyen de jours payés en télétravail par semaine en France est de 0,6 jour contre 0,9 jour en moyenne mondiale. Une étude de la Banque de France indique la possibilité de convertir des espaces de bureaux en logements sous certaines conditions.
En 2024, les espaces de travail flexibles sont aussi envisagés comme alternatives.
(Source : Étude de la Banque de France sur la conversion d’immobilier commercial)
Evolution du CAC 40 : une ascension malgré les défis géopolitiques
Source : Selexium, 2023
Lecture : Au 4 décembre 2023, l’indice du CAC 40 s’élevait à plus de 7500.
Les entreprises du CAC 40 retrouvent des valorisations élevées en 2023, en passant d’un indice CAC 40 de 6500 en décembre 2022 à plus de 7500 l’année suivante à la même période, en dépit de multiples interrogations géopolitiques. Aujourd’hui, les marchés semblent de plus en plus résilients aux crises.
Tensions boursières : volatilité en baisse
Source : CBOE, 2023
Lecture : L’indice du VIX se situe aux alentours de 19 pour le mois de février 2023, une valeur inférieure à sa moyenne de long-terme (21) depuis plus de deux semaines consécutives.
En 2023, Le VIX (Indice de volatilité du marché financier américain) a enregistré une forte diminution, retrouvant des niveaux très bas, malgré un bref pic en octobre, illustrant ainsi la résurgence de la confiance des investisseurs et la diminution de la volatilité.
Selon les stratèges du BlackRock Investment Institute, la Réserve fédérale (FED) pourrait réduire moins fréquemment les taux d’intérêt de référence en 2024, ce qui risquerait de perturber les attentes des investisseurs. Cette perspective entraînerait une possible augmentation de la volatilité sur les marchés mondiaux.
Prix du pétrole : cours toujours en baisse
Source : Insee, 2023
Lecture : En Novembre 2023, le prix en dollars US par baril de pétrole brut était de 83 dollars US.
En Avril 2023, les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) avaient décidé de réduire leur production pour contrer la baisse des cours, entraînant une hausse des cours jusqu’en septembre 2023, atteignant 94 dollars US par baril. Cette augmentation a bénéficié à la Russie, qui, malgré les sanctions européennes, a pu exporter pour 18,8 milliards de dollars de pétrole.
Depuis cette période, le cours du pétrole a connu une baisse continue, se situant entre 75 et 80 dollars US par baril en janvier 2024. Les investisseurs anticipent une diminution de la demande dans certains pays en raison du contexte économique incertain. Ils s’inquiètent particulièrement de l’accélération de la délation en Chine, attribuée à la baisse des prix de l’énergie et de l’alimentation. En raison de ces forces contradictoires, le prix du pétrole reste relativement stable.
EMPLOI
Évolution de l’emploi : stabilité apparente mais signes de stagnation en vue
Source : Insee, 2023
Lecture : Au quatrième trimestre 2020, le taux de chômage représentait environ 7,9 % de la population active en France.
Au troisième trimestre 2023, le taux de chômage augmente de 0,2 point par rapport au quatrième trimestre 2022, passant de 7 % à 7,2 % de la population active en France (hors Mayotte) et inférieur aux 8,7 % enregistrés lors du pic de la crise sanitaire.
Les projections d’embauche demeurent à des niveaux relativement élevés. Cependant, des signes de stagnation émergent, laissant entrevoir une possible inversion de la tendance.
TECHNOLOGIES
Ventes de Smartphones : baisse en 2023 et perspectives de reprise en 2024
Source : L’USINENOUVELLE, 2023
Lecture : Au quatrième trimestre 2020, le taux de chômage représentait environ 7,9 % de la population active en France.
Les ventes de smartphones dans le monde ont connu une baisse en 2023, atteignant leur plus bas niveau en une décennie avec une chute de 5 % à 1,16 milliard d’unités. Cela représente une diminution de 26% par rapport au pic de 1,56 milliard d’unités enregistré en 2017, possible conséquence de l’élévation progressive du taux d’équipement.
Depuis 2018, les ventes mondiales affichent une tendance à la baisse chaque année, à l’exception de l’année 2021 où elles ont enregistré une hausse de 4 % à 1,39 milliard d’unités, sous l’effet des achats stimulés par la pandémie de Covid-19.
Des signes d’assainissement du marché se manifestent par la réduction des stocks dans la chaîne logistique en laissant entrevoir une reprise de 3 % des ventes et totalisant 1,20 milliard d’unités en 2024.
Intelligence artificielle : un marché qui vaut des milliards
Source : Statista, 2023
Lecture : En 2023, l’intelligence artificielle a généré un chiffre d’affaires de 53,2 milliards d’euros dans le monde
Le chiffre d’affaires généré par l’intelligence artificielle n’a cessé d’augmenter depuis 2016, passant de 3,2 milliards d’euros à 53,2 milliards d’euros en 2023.
En termes d’évolutions technologiques, 2024 pourrait à nouveau être l’année de l’intelligence artificielle notamment avec l’émergence de l’IA générative. Cette technologie met à la disposition de l’utilisateur un assistant personnel intelligent chargé de prendre en charge les tâches quotidiennes répétitives telles que la planification, l’organisation, et la structuration des idées.
Parallèlement, l’industrie technologique pourrait s’orienter vers des concepts innovants, tels que le cloud computing vert qui met l’accent sur des infrastructures et des services visant à réduire la consommation énergétique et les émissions de carbone. Des applications durables conçues pour faciliter un mode de vie plus écologique pourraient également être attendues.
LA DETTE DE LA FRANCE
Dépense publique : coût de la dette toujours en hausse
Source : PLF, 2024 / Ministère de l’économie des finances et de la souveraineté industrielle et numérique
Lecture : Les prévisions du budget 2024 alloué à la dette française sont de 52,2 milliards d’euros.
Dans le budget de l’État, le coût de la dette en France se classe juste derrière les dépenses du ministère de l’Education Nationale et du ministère de la Défense, totalisant 50 milliards d’euros de charges d’intérêt en 2023, ce qui représente une augmentation de 12 milliards d’euros par rapport à l’année 2022.
Le budget prévu pour la dette en 2024 est de 52 milliards d’euros. Cette hausse peut s’expliquer par l’inflation qui entraîne une augmentation des taux d’intérêt dans la zone euro et par l’augmentation du montant des emprunts prévus pour l’année à venir.
Les dépenses budgétisées pour le ministère de l’Education Nationale et de la Défense ont également connu une hausse constante d’année en année. Le budget prévu pour le ministère de l’Education Nationale en 2024 s’élève à 87 milliards d’euros et englobe la création d’emplois, la revalorisation salariale ainsi que le financement de la gratification de stages en entreprise. Quant au budget prévu pour le ministère de la Défense en 2024, il atteint 68 milliards d’euros et devrait financer la préparation opérationnelle liée à l’intensification des conflits, le renouvellement des équipements et les grands programmes d’armement.
Coûts énergétiques : normalisation et stabilisation
Source : Selectra, 2023
Lecture : Le prix SPOT est de 120 € / MWh au 31 octobre 2023.
En 2023, les entreprises ont dû intégrer la nouvelle augmentation du coût de l’énergie. La normalisation des prix de l’énergie est attribuable à divers facteurs tels que les interventions étatiques, des conditions climatiques favorables, le redémarrage des réacteurs nucléaires français et la baisse de la consommation. Pour 2024, les prix de l’énergie devraient rester stables, voire diminuer, dans les prochains mois.
CONCLUSION
Des défaillances d’entreprises à des niveaux records sont à prévoir en 2024. La hausse des taux d’intérêt pourrait impacter la croissance économique et accentuer ainsi ces défaillances.
L’accès au crédit quant à lui se complexifie, en particulier avec la dette liée aux PGE et les taux de crédits immobiliers qui connaissent une hausse significative qui ne s’est pas encore renversée.
Au niveau des valorisations boursières, les marchés semblent plus résilients face aux crises.
En ce qui concerne la volatilité des marchés, la réduction moins fréquente des taux d’intérêt de référence par la Réserve fédérale pourrait perturber les anticipations des investisseurs, entraînant possiblement une plus grande volatilité.
Sur le marché pétrolier, le prix du baril connaît une baisse continue en raison d’une anticipation des investisseurs qui prévoient une possible baisse de la demande de certains pays.
Malgré des projections d’embauche encourageantes, des signes de stagnation dans le secteur de l’emploi émergent.
Dans le secteur technologique, les ventes de smartphones connaissent une baisse, mais des perspectives positives se dessinent avec une possible reprise en 2024. L’intelligence artificielle et les concepts innovants tels que le cloud computing vert prennent de l’ampleur.
Enfin, avec la dette française qui continue d’augmenter, se situant juste derrière le budget des ministères de l’Éducation Nationale et de la Défense, l’année à venir pourrait être axée sur la recherche d’un retour progressif à la maîtrise budgétaire.